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dimanche 26 septembre 2010

Saidnaya et Bosra


Notre Dame de Saidyana, accrochée à ses remparts (et à ses escaliers qu'il faut gravir !)

Ayant passé le week-end dernier au lit avec de la fièvre, rien qui ne mérite l’attention ne pouvait être publié sur ce blog. Heureusement, les mésaventures dues à l’adaptation à un nouveau mode de vie sont de courte durée et ne m’ont pas empêchée d’aller barouder un peu ce week-end.
Saidyana et ses collines

la cour du monastère
Dans la famille où je vis, une université a enfin été trouvée pour le fils aîné (qui soit dit en passant a un magnifique baobab qui lui pousse dans la main) et Batoul, la mère de famille, voulait aller remercier la Vierge au monastère de Saidnaya. Nous voilà donc parties, Batoul et mes deux collocs italiennes à Notre-Dame de Saidnaya, à bord d’un service (les fameux minibus absolument inconfortables, mais finalement, je les préfère aux taxis qui ne cherchent qu’une seule chose, arnaquer de l’étranger). Le village en lui-même mérite peut d’attention, si ce n’est qu’il doit être un des rares endroits en Syrie à comporter plus d’églises que de mosquées, mais sur le point culminant se situe le monastère. Si la plupart des bâtiments du monastère semblent assez récents, le lieu de pèlerinage est très anciens. La légende dit que Justinien, alors en proie aux invasions perses dans la région, cherchait une source pour ses armées assoiffées tout en poursuivant une biche. Alors qu’il s’apprêtait à tuer la biche qui s’abreuvait au bord de la rivière, la biche se transforma en une icône de la Vierge avec ordre de construire une église au lieu-dit. La fameuse icône serait peinte de la main de Saint Luc. Ainsi, le monastère se situe sur un piton rocheux qui domine les environs et garde les restes des fortifications de l’époque des croisades, puisque les croisés avaient récupéré le lieu de pèlerinage à leur compte. Maintenant, c’est un monastère orthodoxe qui a pris possession des lieux mais le sanctuaire et ouvert à tous, arméniens, syriaques, maronites, melkites (j’en passe) et même aux musulmans ! La visite est cependant assez vite faite, mais le panorama sur les toits du monastère au soleil couchant avec en fond sonore le chant des cloches vaut vraiment le détour !

Le portail de l'église orthodoxe
Photo de touriste
Le lendemain, cap sur Bosra. Comment, vous ne connaissez pas Bosra ? Globalement, on ne sait pas trop comment dater la naissance de la ville : les égyptiens en parlaient au XIV° siècle avant JC, les hébreux y auraient fait un passage et les Maccabées y auraient eu du fil à retordre. En fait, la ville commence vraiment à se développer à partir du Ier siècle, date à laquelle Pétra devient de plus en plus excentrée des routes commerciales : les nabatéens la délaissent pour Bosra qui devient donc la capitale. Cependant, la prospérité des nabatéens fait des envieux et Trajan l’annexe au II° siècle. La plupart des vestiges qui nous sont parvenus datent donc de cette époque, les nabatéens ne pouvant se prévaloir que d’avoir laissé un arc monumental qui laisse encore les archéologues pantois. Les restes de la ville sont assez courants : rien à voir avec le style de Palmyre, on peut cependant encore voir le tracé du cardo et du decumanus, les restes des bains et beaucoup de colonnes. Ce qui est assez étrange à Bosra, c’est qu’il y a encore 30 ans, les habitants du village avaient tout simplement construit leurs maisons avec les restes de la ville romaine. On peut donc, au détour de trois colonnes corinthiennes et de restes de maisons byzantines, tomber sur l’entrée d’une maison encore habitée. Ceci dit, la plupart des habitants ont été transférés dans la ville moderne, et ça devient parfois un peu glauque de voir des maisons abandonnées et mises sous scellé au beau milieu de ruines romaines. Sinon choc personnel, pour visiter la mosquée, nous avons dû nous couvrir et j'ai découvert avec stupeur que mon observation détaillée des femmes voilées porte ses fruits: mon tour de main est assuré, j'ai presque l'air d'une vraie !

faux pas interdit ...
Mais le clou du site, c’est sans aucun doute le théâtre romain ! C’est l’un des mieux conservés au monde et pour cause, les arabes, lors de la conquête de la Syrie, l’ont de suite transformé en citadelle. Puis, avec le temps, ils ont construits des bâtiments à l’intérieur du théâtre, tout en préservant le bâtiment original. Il y a 50 ans, ce théâtre était à moitié ensablé avec encore les restes des fortifications musulmanes, mais des missions archéologiques franco-italiennes ont tout déblayé pour laisser apparaître une véritable merveille : le mur de scène est debout de haut en bas, les marches des gradins sont parfaitement conservées, et l’ont peut déambuler à loisir dans les couloirs du théâtre et sur les tours de garde de la citadelle arabe. L’ensemble est immense et en met plein la vue ! Comme les théâtres de l’époque étaient étudiés pour, nous avons pu tester qu’en effet, on entend parfaitement en haut des gradins ce qui se dit sur la scène. Comme toujours dans les sites touristiques, nous avons eu l’honneur et l’avantage de se faire harceler par une tripoté de gamins voulant absolument vous vendre des « true bedouin jewels » et autre tour à cheval (pas de chameaux cette fois-ci…). Mais au détour des rues de la vieille ville, des femmes laissent les touristes entrer dans la cours de leur maison et l’on peut voir du véritable artisanat : on les voit filer la laine à l’aide d’une quenouille et tisser sur des métiers traditionnels. Bref, un petit voyage dans le temps !

La scène
Sinon, la vie prend petit à petit son cours habituel, avec sa routine qui heureusement est toujours bousculée par le folklore du rythme syrien. Il ne se passe pas une seule journée sans que je voie quelque chose qui me surprenne. Si certaines choses me fascinent, m’enthousiasment, me choquent ou me dépassent, elles sont autant d’éléments pour s’accoutumer à autre chose et mieux apprendre sur soi et les autres.  Les progrès en arabe se font peu à peu sentir : je commence à parler un peu avec les commerçants. Ceci dit, j’ai du mal à les comprendre car je n’apprends que l’arabe littéraire, pas l’arabe dialectal : aussi, eux me comprennent car tous l’ont étudié à l’école et le rencontrent dans les journaux, les médias et la littérature, mais je ne suis pas habituée à leur prononciation qui diffère, ni à leurs idiomes locaux. Et de fait, le dialecte sonne différemment comparé à l’arabe littéral. Je m’accroche, en me disant que de toutes manières, dans un pays où peu de gens parlent anglais ou français, je serai obligée d’aller vers eux et de progresser !

pas de road-trip en Syrie sans Service !

dimanche 12 septembre 2010

Burlesque visite à Lattaquié


La mer vue du restaurant


     La Syrie étant un pays à 90% musulman, le calendrier des jours fériés se vit au rythme des différentes fêtes de l’Islam. Ainsi, la fin du ramadan s’accompagne de deux choses vraiment agréables : désormais, nul besoin de se cacher pour boire ou manger et surtout, l’Aïd, la fête qui marque la fin du ramadan, est suivi par trois jours fériés. C’est ainsi qu’à peine les cours commencés dimanche dernier, nous voilà mercredi soir en week-end prolongé pour quatre jours.


                                             Ougarit et ses ruines envahies par les buissons                                                      


 
Voulant continuer mes débuts de visite approfondie de la Syrie, mes collocs et moi sommes allées à Lattaquié, premier port syrien et célèbre pour ses plages. 2€50 et quatre heures de bus plus tard, nous voilà à Lattaquié. Nous qui rêvions de pages de sable fin bordées par des cocotiers, le tout accompagné d’une corniche digne de la promenade des anglais à Nice, nous voilà déçues. Si les origines de Lattaquié remontent à l’époque hellénistique, il ne reste que deux ou trois colonnes de l’époque antique, la ville n’étant plus qu’un village de pêcheurs au début du XX° siècle. La ville a connu son essor dans les années 70, à l’époque où la guerre civile libanaise rendait difficiles les liaisons avec le port de Beyrouth. Aussi l’ensemble ressemble plus à des barres d’immeubles délabrés en béton armé, rappelant étrangement les plages espagnoles, qu’à une station balnéaire de rêve. Le soleil (fait rare en cette saison) se cachant derrière les nuages, nous nous sommes armées de nos guides touristiques pour voir ce qu’il y avait à voir dans le coin. Nous voilà donc lancées à la découverte d’Ougarit, ville phénicienne du XIII° siècle av. JC et où les missions archéologiques françaises ont retrouvé le premier alphabet connu. Là encore, déception. Le site pourrait être bien mieux mis en valeur. Des ordures jonchent les rues pavées, et les mauvaises herbes ont envahis les murs de l’ancien port phénicien, si bien que ce qui pourrait être une aventure formidable pour tout voyageur féru d’histoire se transforme, esprit Sciences Po oblige, en une réflexion sur les bienfaits de la protection de l’environnement et son influence sur l’activité touristique. Ceci dit, le site n’est peut-être pas vraiment mis en valeur, mais il donne une petite idée de ce que devait être la ville, grâce notamment aux deux ou trois panneaux d’indications à moitié rouillés laissés par une mission syro-française au début des années 80.




                                                            Luxe, calme et volupté à l'hôtel ...

     Une fois la visite finie, un repas en bord de mer avalé et une promenade sur la corniche de faite, nous voilà en quête d’un hôtel. Le prix de celui que nous avons trouvé défie certes toute concurrence (moins de 5€ la nuit pour une chambre double), mais il ne fallait pas s’attendre à un palace : hôtel placé contre la mosquée (donc délicat réveil en musique assuré par le muezzin à 5h du matin), douche qui ne ferme pas à clef, chambre étroite et mal ventilée, fauteuils aux couleurs douteuses… Cela fait partie du genre d’expériences qu’il faut avoir vécues avant de mourir je suppose.


 
     En revanche, si Lattaquié ne brille pas par l’esthétisme de son urbanisme, elle brille par ses restaurants dont les prix défient toute concurrence : là encore, moins de 5€ pour un copieux repas aux saveurs orientales, accompagné, chaleur oblige, d’un jus de citron à la menthe (Laymoun ma nana en arabe) et d’une chicha pour le folklore.

 
Le lendemain, après une nuit de rêve dans notre palace, visite du château de Saladin. Les français le connaissent mieux sous le nom de Château de Saône, mais un décret l’a renommé ainsi en 1957 dans le but de nationaliser le patrimoine syrien. En effet, le château ne doit quasiment rien à Saladin, l’illustre guerrier ne s’étant donné que la peine de le prendre aux francs à la fin du XII° siècle. Nous voilà donc toutes parties dans un service, les fameux minibus blancs dont l’authenticité n’égale que leur inconfort, et trois quart d’heure plus tard, nous voilà arrivées devant ce qui était la plus grande des forteresses de la Terre Sainte au temps de croisades. Et pour cause : 700m de long, sur un piton rocheux de 30 mètres de long, et dont les douves ont été creusées par les francs de manière à ce que l’ennemi ne puisse escalader les murs. Les francs l’ont placé à un carrefour stratégique, autrefois occupé par les byzantins qui réussirent au X° siècle à reconquérir aux musulmans une partie de la Syrie, permettant de contrôler ainsi à la fois les routes et la mer. Le château de Saône (Sahyoun en arabe) resta aux francs jusqu’en 1188, alors que Saladin tentait de reprendre les Etats Latins aux croisés juste après la prise de Jérusalem. L’esprit chevaleresque de Saladin s’illustra encore lors de cet épisode, puisqu’il laissa repartir (contre rançon bien sûr) les francs de la forteresse.



Photo aventureuse dans les ouvertures sans garde-fou



L’ensemble du site est vraiment exceptionnel : les tours sont extrêmement bien conservées, on peut aller voir les citernes, les salles voutées, se balader sur les murailles ou alors aller prendre un jus de fruit dans le donjon, avec vue sur la mer et la plaine. Moi qui ai tendance à m’évader dans les temps anciens sitôt projetée dans les vieilles pierres, me voilà servie ! Ce château est réellement une invitation au voyage et à l’évasion, car les bâtiments et les environs proches sont extrêmement bien préservés. De plus, le peu de soucis que se font les syriens autour des questions de sécurité permet de pouvoir tout visiter. Ceci dit, c’est à vos risques et périls, dans la mesure où toutes les tours sont ouvertes à la visite, sans rampes dans les escaliers qui n’ont pas été refaits depuis le temps de Saladin et sans garde fou dans les ouvertures.


 
Une fois la visite terminée, nous avons dû nous replonger dans la réalité pour retourner à Lattaquié et reprendre le bus pour Damas. Une partie des filles est restée à Lattaquié un jour de plus pour profiter de la plage, mais en réalité, y aller est compliqué. Il faut se rendre à 6km au nord de la ville pour payer à l’entrée des plages des hôtels, les plages publiques étant jonchées d’ordures et invitant donc peu à la baignade.

 
Sinon, les cours ont bien commencé à l’Université. La méthodologie est particulière, tous les cours étant entièrement en arabe même en niveau 2 (le programme que je suis comporte 8 niveaux). Les quatre heures de cours quotidiennes sont ponctuées par trois pauses de quinze minutes qui, si elles surprennent le premier jour, sont les bienvenues les jours suivants tant le rythme est intense. Mais les progrès sont là : à la maison, j’arrive désormais à parler arabe en faisant des phrases entières et à peu près correctes, et j’ai hâte de venir voir les jours où mon niveau d’arabe me permettra de négocier des étoffes de soie ou des plats en cuivre dans le souq !



  Le piton rocheux dégagé de la falaise par les francs servant de soutien au pont-levis


Labyrinthes et vieilles pierres en tout genre


Le château de Saône, plus grande place forte de la Terre Sainte




                               Laymoun ma nana, ou le meilleur antidote jamais trouvé contre la chaleur

 

vendredi 3 septembre 2010

Visite à la Reine Zénobie

    

                                                      La grande colonnade au petit matin



       C’est un peu sur un coup de tête que cette excursion a vu le jour. Camilla, une étudiante de Sciences Po sur le campus de Menton (spécialisé dans l’étude du bassin méditerranéen) qui loge dans la même famille que moi, était venue avec sa mère pour son installation. N’ayant pas pu faire beaucoup de tourisme, sa mère voulait absolument aller voir Palmyre. Ainsi, nous voilà parties, Camilla, sa mère, Lorraine (une autre étudiante de Sciences Po Paris qui loge également avec moi) mercredi à 15h30 en quête d’un bus. L’arrivée à la gare routière fut un peu chaotique : chaleur, du monde partout. En fait, pour entrer dans la gare routière, il faut passer les contrôles de sécurité, puis se mettre en quête d’une antenne de compagnie de bus qui vous propose un voyage pour la destination proposée. Il est en effet possible de voyager en bus depuis Damas jusqu’à Istanbul ou Amman ! Nous sommes parties dans l’heure. Les bus en Syrie ne sont pas ce à quoi on pourrait s’attendre : les mauvaises langues auraient prédit un bus délabré et sans climatisation, dont la toiture risquerait de s’envoler dès les 50km/h atteints… Que nenni ! Ici, un voyage comme Palmyre coûte à peine 2€50 pour environ 250km. Le bus est climatisé, et lors de l’Iftar (la rupture du jeûne pendant le ramadan), une hôtesse de bus passe dans le bus pour vous distribuer rafraichissements et pâtisseries… ou comment bien voyager pour une somme modique !



                                                                   5h30 : le soleil se lève

      Après trois heures de voyage (assez monotone puisqu’on ne traverse que du désert) où l’on a pu admirer au passage les multiples « Bagdad café » qui bordent la route, nous arrivons à Palmyre sur le coup de 20h. La nuit est déjà tombée, et la rupture du jeûne fait que la ville fait plutôt penser à une ville morte : grande avenues bordées d’immeubles un peu délabrés. Le seul quartier où il y a un peu d’animation se situe juste à côté sur musée archéologique qui borde le site antique, et pour cause, c’est là que se trouvent tous les hôtels. Dîner dans un restaurant à touristes où l’on nous fait goûter le Mansaf, le plat traditionnel des bédouins (qui peuplent d’ailleurs majoritairement Tadmor (le nom arabe de Palmyre)).

Colonne solitaire dans le sanctuaire des enseignes
     Le lendemain matin, place au rêve !! Nous nous levons tôt pour aller voir le lever du soleil sur le site antique du haut de la citadelle de Fakhr Ed-Din (le premier émir de la région du Mont Liban au XVI° siècle si mes souvenirs sont bons), un château arabe qui surplombe la plaine de Palmyre. Le spectacle est époustouflant, le soleil se lève tout doucement, rouge pour illuminer petit à petit le site antique et la vallée des tombes. Le site antique étant en entrée libre, nous pouvons donc profiter des splendeurs palmyréniennes à la fraiche (il y avait d’ailleurs un sacré vent et j’ai amèrement regretté d’avoir oublié mon gilet à l’hôtel…) et nous nous faisons alpaguer par les premiers bédouins nous proposant une gamme de produits allant du Keffieh (vendu 2€50, une honte !), aux bijoux bédouins (trrrrue silver !) en passant bien évidemment par le tour du site à dos de chameau, lequel chameau est copieusement frappé par son propriétaire et laisse des souvenirs odorants un peu partout (je n’en dis pas plus, de peur de vous faire un dessin). Les bédouins nous aurons suivi d’ailleurs toute la journée et finissent par devenir un peu envahissants… En effet, tous vous disent « But… why ? » lorsque vous refusez leur marchandise !





Le théâtre

                                                                                         L'entrée du temple de Bêl
     Palmyre est célèbre principalement pour deux choses : sa Reine Zénobie et son site antique exceptionnellement préservé. En fait, Palmyre est connue dès le I° siècle. C’est une ville marchande, certes située en plein désert au beau milieu de nulle part, mais à un placement stratégique, car elle servait de relais à tous les flux commerciaux de l’époque. Ainsi, elle devient vite prospère. La ville prend une grande importance lors des invasions perses au III° siècle. L’Empereur est fait prisonnier à la bataille d’Edesse, mais Odenat, le prince de Palmyre, mobilise ses troupes et repousse les perses jusque sur leurs territoires. Il devient presque aussi important que l’empereur. C’est à la mort de celui-ci que son épouse, la fameuse Zénobie entre en jeu. Profitant de la renommée de son époux, elle occupe l’Egypte et l’Asie Mineure. Elle n’est certes pas la première à avoir voulu rivaliser avec l’Empereur, mais elle est restée dans l’histoire à cause d’une personnalité semble-t-il assez étonnante. Femme de lettres, elle appréciait les philosophes grecs, tout comme elle savait boire avec ses généraux ou conduire une armée… Le tout combiné avec une certaine beauté, elle avait tout pour construire une véritable légende bien qu'elle n'ait régné que six ans (266-272 ap. JC).  La légende n’en devient que plus forte lorsque les restes de Palmyre sont redécouverts au XVIII° siècle par les voyageurs européens.





                                                        Bas-relief du dieu Aglibol                                         



      Il est vrai que la ville est tout de même exceptionnellement conservée. Même si le Mandat français et le travail du service des antiquités syriennes ont assez bien restauré le site, les restes sont assez significatifs pour donner un avant goût de ce que devait être la ville aux heures de gloire, et surtout, pour faire rêver tout touriste s’y rendant. Le temple de Bêl, par ses murs de 200 m de long incarne toute la magnificence de ce qu’était la cité. On peut encore y voir des restes de bas-relief, avec par-ci par-là des traces de polychromie. Vient ensuite l’arc monumental qui, du temple de Bêl, inaugure la grande colonnade qui servait de decumanus (l’axe Est-Ouest traversant les villes romaines). Il faut s’imaginer qu’entre chaque colonne, se tenait une boutique vendant les produits raffinés ramenés d'Orient par les caravanes. Il faut s’imaginer également le théâtre, les termes, les différents temples adjacents à cet axe. Le tout vu avec les premiers rayons du soleil est absolument époustouflant ! De plus, Palmyre ressemble certes à une ville romaine mais chaque vestige témoigne des différentes influences orientales de l’époque : Perse, Mésopotamie, etc. Ainsi, la ville garde sa propre originalité et suggère au visiteur le mélange culturel que devait être la cité. En revanche, prendre des photos s'avère être compliqué. On veut faire les artistes et faire des effets de perspectives avec la citadelle arabe en arrière fond, le seul problème est qu'une mâ-gni-fi-que antenne de télévision a été installée sur la colline juste à côté. Ainsi, il faut maîtriser l'art de cacher les détails disgracieux par la profusion de colonnes qui jonchent le site antique !


L'arc monumental, l'entrée de la grande colonnade avec en arrière fond la citadelle arabe

     Une fois la visite terminée, nous voulions partir voir la vallée des tombeaux, vallée qui part du site antique pour s’engouffrer dans l’immensité du désert, mais il commençait à faire très chaud et c’est un peu compliqué pour y accéder. De plus, nous ne voulions pas partir trop tard pour Damas, dans la mesure où là-bas, en ces temps de ramadan, il est quasi impossible de trouver un taxi à l’heure de la tombée du jour, puisque tout le monde s’en va manger. Aucun regret cependant, car nous avons tout le temps devant nous pour retourner à Palmyre et approfondir la visite. Nous avons vu juste assez pour avoir envie de revenir et entretenir le rêve et la légende qui entourent Palmyre et ses ruines multiséculaires.


L'arc monumental avec sur la voie un bédouin à dos de chameau
Rien de pittoresque à cela : il essaye seulement de vous faire payer une fortune un tour sur le site !