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dimanche 10 octobre 2010

Escapade à Maaloula

    
     Suite à un souci de connexion à Internet, je n’ai pas pu mettre à jour ce blog autant que je ne l’aurais voulu. Ainsi, me voilà partie vendredi dernier avec Justine, une amie de Sciences Po qui est en stage à l’ambassade de France, à Maaloula. Maaloula, 1600 mètres d’altitude, perchée sur les contreforts du Qalamoun, pas si loin du Liban, et célèbre pour sa présence chrétienne ininterrompue depuis Saint Paul. Pour les amoureux des langues mortes ou menacées, Maaloula est aussi connue pour être l’un des derniers endroits où est parlé l’araméen. Bon, sans vouloir être dure et sans cœur, l’usage de l’araméen se limite à la liturgie et tout touriste y partant pensant entendre dans la rue cette langue devenue rare risque d’être déçu !

Le couvent de Mar Takla


     Nous voilà donc parties à bord d’un de ces fameux services pour ¾ d’heure de voyage, pour enfin descendre devant le couvent de Mar Takla. Si l’on traduit, Mar Takla s’avère être un sanctuaire dédié à Sainte Thècle, qui se convertit après avoir écouté le prêche de Saint Paul à Iconium pour ensuite devenir une de ses disciples. Les persécutions romaines allant bon train à l’encontre des chrétiens, elle fit comme beaucoup et alla se réfugier dans le massif du Qalamoun pour échapper aux romains.  Le relief n’effraya pas ces derniers qui se lancèrent à sa poursuite. L’histoire raconte que la montagne se fendit en deux pour laisser passer Sainte Thècle, qui se réfugia dans une grotte où elle passa le reste de sa vie et y fut enterrée. Ledit couvent est en effet placé à l’entrée du défilé de Sainte Thècle et abrite la grotte où elle est enterrée. De la grotte, une belle vue sur Maaloula, village aux maisons accrochées sur la falaise aride où de nombreux clochers tentent de se voler la vedette.

La grotte de Sainte Thècle

Le défilé de Sainte Thècle
     Pour gagner Mar Sarkis, le couvent de Saint Serge et Saint Bacchus (je ne sais pas ce que Saint Bacchus a fait, mais cela lui a valu la reconnaissance millénaire des chrétiens de la région dans la mesure où chaque village chrétien a son église au nom de Saint Bacchus), il faut emprunter le défilé de Sainte-Thècle. Et lorsque que l’on voit ce qu’est le défilé, on comprend pourquoi l’histoire dit que la montagne s’est fendue. C’est en effet un étroit passage dans la roche, sinueux et sculpté par les eaux, l’érosion et les sables, qui monte doucement la montagne jusqu’au deuxième couvent. Le passage est touristique, mais est aussi un lieu de rendez-vous pour les habitants des environs. Il n’est pas rare d’y croiser des groupes d’amis, réunis avec quelques sacs de pistaches d’Alep pour danser, chanter, papoter…



Remake de Rio de Janeiro ?
     Une fois la montée derrière nous, nous voilà arrivées au couvent de Mar Sarkis. Entrée par une porte pas bien grande, puis accès au couvent qui, du reste semble assez récent. Ce qui est intéressant à Mar Sarkis, c’est surtout l’église, puisque les datations de ses poutres on révélé qu’elle datait du Ier siècle. De fait, le plan de l’église reprend le plan des temples païens et l’autel, en forme de demi-cercle doté d’une saillie, est similaire aux autels païens destinés à recueillir le sang des sacrifices. L’église est assez simple, seul l’iconostase et ses icônes relèvent par leurs couleurs l’austérité des murs de pierres. Si vous demandez aux personnes qui surveillent l’église, elles récitent de bonne grâce le Notre Père en araméen, soit à peu près mot pour mot la prière que Jésus donna. Sorties de l’église, nous voilà à la terrasse de la cafétéria du couvent, perché sur falaise dominant Maaloula et possédant donc une belle vue sur le village et ses environs désertiques. De là redescente au village pour prendre un déjeuner bien mérité, quoiqu’un peu gâché par la seule mosquée du village qui, lors de la prière du vendredi, se sert de ses mégaphones en mettant le volume au maximum pour faire profiter les environs chrétiens du prêche de l’imam…
 
Touriste picture à Mar Sarkis



     Puis, retour à Damas. J’ai passé en début de semaine les examens du premier niveau d’arabe que j’ai suivi à l’université. Tout s’est bien passé et je passe en niveau supérieur. Je profite donc ces temps-ci d’une petite coupure de dix jours, que j’occupe en profitant de la vie d’ici : flâner dans les souqs, repérer de bons hamams, se perdre dans la vieille ville et se battre avec les marchands qui cherchent à arnaquer le touriste. A la maison, je suis désormais celle qui a passé le plus de temps à Damas et qui parle le mieux l’arabe (ça ne veut pas non plus dire que je suis devenue « fluent » en un mois !!). Cela fait environ 10 jours que j’arrive à exprimer à peu près tout. Ca relève parfois du langage des signes, mais après tout, l’essentiel est de pouvoir communiquer ! C’est assez étrange d’évoluer dans une ville qui, au départ inconnue, devient de plus en plus familière à mesure qu’on en maîtrise la langue !

Maaloula, suspendu aux falaises