La situation sur place m'a décidé à partir de Syrie. Je rentrerai donc en France vendredi matin. La décision a été très difficile à prendre. Il n'est jamais évident de s'en aller, surtout dans de telles conditions.
Je n'ai cependant aucun regret car cette année aura été bénéfice à tout point de vue ! Académiquement, personnellement, et humainement, cette année restera toujours gravée dans ma mémoire et m'aura peut-être un peu changée. Je pars le coeur serré, car je laisse une ville que j'ai adoré, une famille d'accueil qui m'a accueillie comme un membre à part entière.
Je vais essayer de profiter de ces trois derniers jours pour dire au revoir à cette ville qui fut la mienne pendant huits mois et demi. Ce message n'est pas nécessairement le dernier, et au contraire je compte bien publier ce que je pensais plus prudent de ne pas publier.
Je tiens à remercier tous ceux qui ont pris des nouvelles et espère vous revoir bientôt !
Clémence.
lundi 25 avril 2011
mercredi 20 avril 2011
Éblouissements de la Syrie profonde et vie damascène
Bosra et son théâtre ! |
Après un
niveau 7 assez intense et trois jours de vacances bien mérités, j’ai accueilli
les parents, ravis de leur voyage autour de la Syrie. Rendez-vous devant le
musée national que, à ma grande honte, j’avais délaissé jusque là !
Boutique pittoresque... |
Le lendemain,
le jour des rameaux, nous sommes allés assister au rite syriaque. De beaux
chants, des tas de bambins tout endimanchés,
une église bondée et tour rituel autour du lectionnaire et des icônes,
bref, belle plongée en culture orientale ! Après avoir déjeuné chez moi, c'est-à-dire
chez Batoul ma logeuse, nous sommes partis à l’assaut de la vieille ville mais
surtout de ses mémorables souqs ! Echarpes, brocards, bijoux, poignards,
antiquités en tout genre, housse à coussin et plateaux sculptés, rien ne nous a
échappé !! Nous sommes également passés à Soufanieh, près de Bab Touma,
une maison transformée en chapelle après qu’une icône se soit mise à sécréter
(les experts me pardonneront et remplaceront ce verbe barbare par le terme
adéquat) de l’huile. D’après ce que j’ai compris, le sanctuaire est dédié à l’unité
des chrétiens.
Colonnes en tout genre |
Pour se
reposer un peu après tant de kilomètres parcourus à travers la vieille ville,
direction le Khiwali (dont j’ai déjà parlé ici), ce magnifique
restaurant qui vous replonge dans les milles et unes nuits en un clin d’œil.
Abside cachée |
Le bain arabe (Bosra) |
Le lendemain,
nous avons pris la direction du sud, les parents, ma colloc Lorraine et moi,
grâce à Habib, un chauffeur qui fait aussi guide touristique et qui travaille
vaguement avec les couvents qui encerclent ma maison. Première halte à Bosra.
Comment ? Vous ne situer plus Bosra ? Bosra, j’y étais déjà allée en
septembre et j’en avais parlé par là. Bosra, ce sont les (rares) restes
d’une capitale nabatéenne, rapidement convoitée par Rome qui a construit ses
temples, bains et autres cardo et décumanus ensuite réemployés par les locaux
au fur et à mesure que la ville perdait de son importance. C’est assez
déstabilisant, car on peut croiser une vache au détour d’une colonne, et tomber
sur la tente à palabres (c'est-à-dire tous les hommes qui se réunissent pour
parler des problèmes quotidiens) au beau milieu du decumanus.
Mais Bosra, c’est
surtout son célèbre théâtre, qui doit son état de conservation exceptionnel à
la citadelle que les arabes ont construit autour. Comparé à la première visite,
j’ai eu de plus amples informations sur la ville, les bâtiments, vu que visiter
un site archéologique avec pour seule aide le guide « lovely planet »
peut parfois (souvent !) se révéler très frustrant. En bref, de jolies
petites surprises comme cette abside cachée au beau milieu de tas de cailloux,
ou encore la citerne (qui malgré ses dimensions se cache en fait très bien) et
même les restes de statues du théâtre !!
Une habitante au milieu des ruines |
Après un
déjeuner bien mériter sous la tonnelle du « Caracalla restaurant »
(je suis décidément très fan des noms de restaus dans les lieux touristiques),
direction Suweida, une ville majoritairement druze et chrétienne pour voir le
musée. Le musée, soit un magnifique bâtiment de béton au style évoquant
étrangement les grandes heures de l’architecture stalinienne et datant du
mandat. Encore une fois (comme à peu près tout au long de la journée), nous
avons le musée pour nous tous seuls ! Il faut aimer les statues en
basalte, car à part quatre ou cinq mosaïques d’ailleurs très belles, il n’y a
que ça ! Les mosaïques viennent en fait de Chahba, une ville non loin de
Suweida en réalité construite par l’empereur Philippe, et qui au contraire des
villes anciennes dans la région, a pour première origine la Rome antique et n’est
donc pas construite sur un millefeuille de vestiges et de civilisations.
Sarcophage à Al Qanaouat |
Al Qanaouat |
Sortis du
musée, direction al Qanaouat, dans un village druze. Al Qanaouat est les restes
d’un palais de prêteur romain transformé ensuite en église. On voit dont l’enchevêtrement
de deux édifices, ainsi que des restes de tombeaux et de sarcophages laissés en
l’état. Apparemment, ce lieu de culte est resté, non pas à l’usage des
chrétiens mais des druzes. On ne sait d’ailleurs pas vraiment ce qu’ils y
vénèrent là-bas, peut-être Job de l’Ancien Testament. En fait, on ne sait pas grand-chose
sur les druzes. Les arabes ont l’habitude de dire que seuls les druzes savent
vraiment en quoi consiste leur religion, et encore pas tous, puisqu’il faut qu’ils
attendent l’âge de 35 ans avant qu’on évalue si oui ou non, ils méritent qu’on
leur transmette la connaissance religieuse.
Mis à part
cette grande frustration de savoir, il ne nous reste plus qu’à profiter du
paysage, encore très vert puisqu’en altitude, de cette région agricole, et
surtout des vêtements traditionnels druzes : pantalons bouffants dont l’entrejambe
descend jusqu’aux genoux pour les hommes, grande tunique de velours surmontée d’un
voile de mousseline pour les femmes. En fait, ces vêtements sont surtout portés
par les personnes âgées, les jeunes générations ayant préféré les conforts d’un
basic H&M. A Al Qanaouat, on peut aussi admirer les restes d’un squelette
de citerne assez amusants.
Un barbu à Bosra... |
Dernière étape
avant le retour à Damas, la ville de Chahba. Malheureusement, nous n’avons pas
pu visiter le musée (en Syrie et en horaires d’hiver, les musées ferment à 14h,
15h au plus tard, allez savoir pourquoi !) qui contient de belles
mosaïques. Mais on peut encore voir dans cette ville des restes de portes, de
murailles, d’églises, et de porches de maisons incrustés de colonnes
corinthienne, comme beaucoup dans la région.
Le souq et ses couleurs |
Nous sommes
ensuite retournés à Damas ravis par la journée, et prêts à entamer le dernier
jour des parents à Damas. Le matin, Maman et moi avons laissé Papa aller
visiter le musée de la médecine arabe pour aller nous détendre et nous dépayser
au Hamam. Ensuite, je les ai amené au Khan Assan Pacha, un beau (très beau)
caravansérail de style ottoman, rafraîchi par sa fontaine et agrémenté (pour le
meilleur et pour le pire) d’art contemporain.
C'est beau hein ? |
Dites le que c'est beau ! |
On peut monter aux étages, visiter les
chambres donnant sur le souq, ce qui permet d’ailleurs d’espionner les vendeurs
sans que ceux-ci ne se rendent compte de rien ! Puis, nous avons flâné
dans les souqs, terminé les achats de souvenirs en tout genre pour ensuite
aller dîner en famille et chez Batoul pour une dernière soirée.
J’ai repris
les cours ce matin en niveau 8 (the last oooone !), et tout va bien, même
si la fac fait un peu peau de chagrin avec tous ces étrangers qui boudent la
région. La région de Damas est très calme, aussi, malgré tout ce que peut dire
le Quai d’Orsay, je suis jusqu’à maintenant en parfaite sécurité !
Entrée du Khan |
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