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mercredi 25 août 2010

Premiers pas à Damas


Voilà déjà trois jours que je suis arrivée à Damas. A l’heure où je vous écris, il fait 40°C dans la maison, et j’entends au loin la rumeur des muezzins qui appellent à la prière. La maison où je suis est située dans un quartier chrétien qui est entouré par 5 ou 6 mosquées. Comme chaque mosquée a une heure différente pour lancer la prière, on entend petit à petit chaque muezzin lancer son chant lancinant et mélancolique (quoiqu'un peu gâché par l'usage des mégaphones...).



Tout s’est bien passé lors de mon arrivée. A l’aéroport, j’ai été prise en charge par le cousin d’une amie de lycée qui est syrienne. Il m’a accompagné jusqu’à ma famille d’accueil, une famille d’arméniens catholiques. Je loge avec quatre autres filles, une suissesse et trois italiennes, qui apprennent l’arabe dans le même institut que moi. Elles m’ont donc montré dès le lendemain où était l’université. Je suis donc allée retirer mon dossier d’inscription et j’ai pu commencer mon parcours du combattant pour effectuer les modalités administratives (Test du SIDA (qui me vaut maintenant un beau bleu), lettre de l’ambassade, régularisation auprès du service de l’immigration, etc, etc, etc.) au grès des taxis. Pour les taxis, deux options : soit des taxis sans clim, jaunes pour imiter ceux de New York, qui sont un peu plus chers (100 livres la course, soit même pas 1,40€ et encore je me fais arnaquer parce que je parle trois mots d’arabe), soit les « Services », des espèces de Nissan blanches qui coûtent à peine 10 centimes d’euros et où on a l’insigne honneur d’être entassé à 10 ou 12 là où en France on s’installerait à cinq.



     Hier soir, je suis allée avec Moayyad, le cousin de mon amie, faire un tour dans la vieille ville. Ca a vraiment bien été refait, c’est un véritable labyrinthe de petite ruelle au détour desquelles on trouve un bar à chicha, un vendeur de CD libanais (les clips de chansons libanaises sont à mourir de rire de mauvais goût !!) ou un magasin de chaussures « cheap and trrraditional !! ». J’ai donc visité le quartier chrétien, puis nous avons obliqué vers la grande mosquée des Omeyyades. Pour la petite histoire, à l’époque byzantine, il y avait à la place une basilique où étaient enterrés les restes de St Jean-Baptiste. Lors de la conquête arabe, au VII° siècle, les arabes sont arrivés et on construit une mosquée à la place. Cependant, les chrétiens peuvent toujours y aller et vénérer la tombe de celui qui est ainsi devenu Sidi Yahya. Cette mosquée reste assez fascinante (vue de l’extérieur tout au moins) car elle reflète les caractéristiques d’à peu près tous les monuments anciens au Proche-Orient : c’est un patchwork de vestiges de différentes époques sur lesquels on a reconstruit quelque chose d’autre. Ainsi, on peut voir des colonnes grecques, des fondations byzantines, sur lesquelles a été bâti le bâtiment musulman. Juste en face de l’entrée de la mosquée, il y a l’entrée du Souq Al-Hamidiyyah. C’est assez beau car le passage d’entrée n’est rien d’autre que l’arche du temple de Zeus. Ce souq est immense (à peu près 1km de long si je me suis bien renseignée) et est resté assez authentique : on y voit peu d’occidentaux, et en ces temps de Ramadan, tout le monde y est de sortie le soir pour aller faire ses courses.



     Concernant mes premières impressions, on peut dire que c’est choc car tout est différent. La première chose qui m’a frappé, c’est que les syriens sont vraiment des gens très gentils. Tous se mettent en quatre pour aider en cas de besoin. Ce sont des gens qui aiment leur pays (qui m’a l’air d’ailleurs très beau) et qui sont très fiers de leurs tradition. On voit que c’est vraiment un pays en voie de modernisation même si tout est assez « artisanal » : on peut croiser des attelages à chevaux en plein milieux de la voie rapide, qui par miracle se transforme en 2x4voies aux heures d’affluence. Dans les voitures, nul besoin de ceintures de sécurité (Allah s’en charge). Pour avoir un peu vu ce que donnent les administrations, tout est un foutoir permanent, personne ne sait quoi faire, personne n’a d’horaires mais… ça fonctionne. C’est très étrange de voir cela quand en Europe, tout est bien organisé et planifié.



     Le rythme est vraiment très différent. Aux heures les plus chaudes de la journée, tout le monde dort et l’on passe des heures à déjeuner (le déjeuner dure en général de 13H30 à 16h00, heure à laquelle la chaleur commence à tomber). La gastronomie syrienne est d’ailleurs excellente : les plats sont en général à base de viande, accompagnés d’une multitude de légumes assaisonnés de nombres d’épice dont j’ignore encore le nom. Ici, le café (tout comme les toilettes d’ailleurs) est turc, et les gens chez lesquels je loge passent leurs journées à boire du Metteh (l’orthographe du mot est à revérifier) : c’est une espèce de thé qui vient d’Argentine, dont on remplit les tasses et que l’on boit à l’aide d’une paille un peu spéciale. Globalement, je pense que je vais vraiment me plaire en Syrie. Tout est vraiment différent, mais ça ne peut faire que du bien lorsque l’on a passé deux ans à étudier à Saint Germain des Près et que les gens vous toisent parce que vous faites les soldes (ben oui, c’est pour les pauvres !!). Je dois encore m’adapter à à peu près tout, mais j’ai hâte de pouvoir me plonger entièrement dans ce nouveau mode de vie.



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