Le Liban mérite bien son drapeau ! |
Après avoir boudé quelque peu les
différentes escapades (en Syrie, les bactéries ont l’agaçante manie de ne
s’attaquer à vous que le week-end), me voilà partie vendredi dernier direction
le Liban, avec Lorraine, une amie de Sciences Po avec qui je loge. Petite
négociation à la gare routière de Damas concernant le prix du taxi (ils ne
s’imaginent pas parfois comme les
occidentaux peuvent être difficiles) après avoir été suivies par 4 ou 5
chauffeurs de taxi qui se disputaient pour savoir qui allait effectuer la course. Après avoir pris le taxi le plus
raisonnable nous voilà parties en direction du Liban.
Abside dans la grande cour |
Le temple de Bacchus, vu du temple de Jupiter |
[Petite parenthèse] Après avoir passé deux ans à Sciences Po, où certains profs s’évertuent à nous
répéter que la nation c’est démodé et que la notion de frontière est totalement
absurde, j’aurais bien aimé amener tous cette joyeuse bande de bobos du VII°
arrondissement de Paris à la frontière syro-libanaise. En effet, déjà, il faut
payer environ 10€ pour avoir le droit de sortir de la Syrie, puis, après avoir
gentiment patienté qu’on nous tamponne nos passeports (plus long pour les
occidentaux dans la mesure où il doit y avoir une bonne vingtaine de guichets
pour les passeports arabes, et seulement un ou deux pour les
« étrangers »), nous traversons 3, 5 km de no man’s land, où
paraît-il, on s’en donne à cœur joie quand la situation n’est pas des plus
joyeuses de la région. Arrivés à la fin du no man’s land, il faut encore
patienter gentiment qu’on vous tamponne votre passeport pour pouvoir rentrer au
Liban et surtout espérer qu’il n’y aura pas de réfugié palestinien/réfugié
irakien/kurde dans les parages, faute de quoi on peut patienter pas mal de
temps. [Fin de la parenthèse]
Sur les marches du temple de Jupiter |
Les dernières colonnes du temple de Jupiter |
Les affres de la douane passées,
nous plongeons littéralement au Liban. En effet, la frontière syro-libanaise
est quasiment naturelle dans la mesure où un massif montagneux sépare les deux
pays, et la route que nous empruntons donne ainsi un bel aperçu de la plaine libanaise
de la Bekaa. La plaine de la Bekaa est une région assez pauvre, très agricole,
avec semble-t-il une assez forte population chiite (ce qui explique
certainement les jolis logos du Parti chiite libanais (comprenne qui pourra !)). Après une heure de trajet sur des routes assez
approximatives à 90km/h, trois barrages militaire et deux percutions frontales
évitées, nous voilà arrivées à Baalbeck !
Le temple de Jupiter |
Aaaah ! Baalbeck ! La
taille du site est assez modeste, mais elle est une belle illustration du fait
que la quantité ne fait pas forcément la qualité. Et dire que la qualité fut au
rendez-vous serait un euphémisme ! Le site archéologique comprend trois
entités : la grande cour du temple de Jupiter, le temple de Jupiter et le
temple de Bacchus. Apparemment, le granit utilisé pour les colonnes
proviendrait d’Egypte, et tout dans ce site ne reflète que grandeur et fastes
d’un temps révolu. Les dimensions des édifices sont totalement abasourdissantes
(le temple de Bêl à Palmyre fait pâle figure à côté, c’est dire !), le
tout conçu avec une symétrie parfaite.
La grande cour passée, nous
montons les marches du temple de Jupiter pour découvrir le panorama sur le
temple de Bacchus… absolument époustouflant par ses dimensions mais surtout
pour son état de conservation particulièrement exceptionnel. En descendant du
temple de Jupiter, dont ne subsistent que six colonnes, nous slalomons entre
les restes divers de chapiteaux et autres ornements. Pour indication, compter
deux mètre de haut pour un chapiteau de style corinthien, dont les ornements en
feuille d’acanthe n’ont rien perdu de leur précision ni de leur qualité !
Puis, tour au temple de Bacchus.
L’intérieur est extrêmement bien conservé, on peut encore voir sur les plafonds
les détails des sculptures avec des restes de portrait, et le tout, encore une
fois, d’une grandeur absolument titanesque ! Il faut également s’imaginer
ce site grandiose, et la vue qu’il donne sur la plaine et les montagnes
libanaises, le tout bien évidemment (c’est la dose folko !) au rythme de la
prière du vendredi. Pour faire pratique, les horaires chiites ne sont pas tout
à fait les mêmes que les horaires sunnites, du coup, le concert dure un certain
temps !
Le temple de Bacchus vu de la citadelle arabe |
Une fois la visite terminée (et
des vendeurs de souvenirs pour le moins surprenants « do you want a
hizbola tee-shirt ? » !) petit tour en ville. Pour une fois,
l’urbanisme est à peu près esthétique. Nous dégustons deux
« charwamas » dans un restau pour le moins typique, payons avec des livres libanaises (1€ = 2 000 Livres libanaises, c'est vous dire la manière dont on se sent millionnaire au Liban!) puis l’heure de
repartir à Damas sonna. A bord d’un service d’abord (petit moment où j’ai cru
mourir, non pas à cause d’un accident de la route, mais parce que le pompiste
de la station d’essence où nous nous étions arrêtés nous faisait le plein la
clope au bec !), puis d’un taxi à partir de Chtoura où l’un de nos
co-passagers improvise un cours d’arabe. Il connaissait Montpellier, non parce
qu’il a vu des photos ou entendu parler de quelque chose de prestigieux, mais
parce qu’il suit… le tournois de foot national en France !
De magnifiques ornements ! |
En dehors de l’aspect touristique
de cette virée éclair au Liban, j’aimerais livrer quelques impressions
personnelles. En effet, la Bekaa, avec le sud Liban, a souvent fait partie des
oubliés de ce que l’on appelait avant la guerre civile le « miracle
libanais ». Et de fait : les routes sont mal entretenues, fréquents
nids de poules et autres dos d’âne aussi pervers que dangereux, différents
camps sauvages qui doivent manifestement avoir un accès difficile à l’eau ou
l’électricité, beaucoup d’habitations laissées en ruines... Même si la Syrie a
parfois des éléments que l’on appellera « authentiques », le
contraste vu rien qu’en passant les deux frontières peut-être frappant pour peu
qu’on y prête attention. Il est également triste de voir qu’un si beau
pays avec des habitants si attachants est malheureusement toujours un peu en
période de sursis, ne sachant jamais ce que le mois d’après réserve. Le Liban
est en effet un pays aux problématiques nombreuses, mais malgré les drames qui
ont pu s’y dérouler, dont de nombreux ont justement eu lieu dans la plaine de
la Bekaa, on en ressort avec un certain sentiment d’attachement qui ne laisse
personne indifférent, et ce même en y restant à peine une journée !
... Ce site donne aussi certaines idées à toute personne le visitant!
Complètement d'accord avec ta parenthèse sur les frontières!! La théorie de dépassement de l'Etat nation, c'est vraiment un truc de bobo qui n'est jamais sorti de l'UE et pour qui "frontière" signifie "espace shengen"!
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