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vendredi 5 novembre 2010

Baalbeck, petit joyau au Pays du Cèdre


    
Le Liban mérite bien son drapeau !
 Après avoir boudé quelque peu les différentes escapades (en Syrie, les bactéries ont l’agaçante manie de ne s’attaquer à vous que le week-end), me voilà partie vendredi dernier direction le Liban, avec Lorraine, une amie de Sciences Po avec qui je loge. Petite négociation à la gare routière de Damas concernant le prix du taxi (ils ne s’imaginent pas parfois  comme les occidentaux peuvent être difficiles) après avoir été suivies par 4 ou 5 chauffeurs de taxi qui se disputaient pour savoir qui allait effectuer la  course. Après avoir pris le taxi le plus raisonnable nous voilà parties en direction du Liban. 
Abside dans la grande cour 


Le temple de Bacchus, vu du temple de Jupiter
[Petite parenthèse] Après avoir passé deux ans à Sciences Po, où certains profs s’évertuent à nous répéter que la nation c’est démodé et que la notion de frontière est totalement absurde, j’aurais bien aimé amener tous cette joyeuse bande de bobos du VII° arrondissement de Paris à la frontière syro-libanaise. En effet, déjà, il faut payer environ 10€ pour avoir le droit de sortir de la Syrie, puis, après avoir gentiment patienté qu’on nous tamponne nos passeports (plus long pour les occidentaux dans la mesure où il doit y avoir une bonne vingtaine de guichets pour les passeports arabes, et seulement un ou deux pour les « étrangers »), nous traversons 3, 5 km de no man’s land, où paraît-il, on s’en donne à cœur joie quand la situation n’est pas des plus joyeuses de la région. Arrivés à la fin du no man’s land, il faut encore patienter gentiment qu’on vous tamponne votre passeport pour pouvoir rentrer au Liban et surtout espérer qu’il n’y aura pas de réfugié palestinien/réfugié irakien/kurde dans les parages, faute de quoi on peut patienter pas mal de temps. [Fin de la parenthèse]
Sur les marches du temple de Jupiter

Les dernières colonnes du temple de Jupiter
     Les affres de la douane passées, nous plongeons littéralement au Liban. En effet, la frontière syro-libanaise est quasiment naturelle dans la mesure où un massif montagneux sépare les deux pays, et la route que nous empruntons donne ainsi un bel aperçu de la plaine libanaise de la Bekaa. La plaine de la Bekaa est une région assez pauvre, très agricole, avec semble-t-il une assez forte population chiite (ce qui explique certainement les jolis logos du Parti chiite libanais (comprenne qui pourra !)). Après une heure de trajet sur des routes assez approximatives à 90km/h, trois barrages militaire et deux percutions frontales évitées, nous voilà arrivées à Baalbeck !



Le temple de Jupiter

    


 Aaaah ! Baalbeck ! La taille du site est assez modeste, mais elle est une belle illustration du fait que la quantité ne fait pas forcément la qualité. Et dire que la qualité fut au rendez-vous serait un euphémisme ! Le site archéologique comprend trois entités : la grande cour du temple de Jupiter, le temple de Jupiter et le temple de Bacchus. Apparemment, le granit utilisé pour les colonnes proviendrait d’Egypte, et tout dans ce site ne reflète que grandeur et fastes d’un temps révolu. Les dimensions des édifices sont totalement abasourdissantes (le temple de Bêl à Palmyre fait pâle figure à côté, c’est dire !), le tout conçu avec une symétrie parfaite.

    




      La grande cour passée, nous montons les marches du temple de Jupiter pour découvrir le panorama sur le temple de Bacchus… absolument époustouflant par ses dimensions mais surtout pour son état de conservation particulièrement exceptionnel. En descendant du temple de Jupiter, dont ne subsistent que six colonnes, nous slalomons entre les restes divers de chapiteaux et autres ornements. Pour indication, compter deux mètre de haut pour un chapiteau de style corinthien, dont les ornements en feuille d’acanthe n’ont rien perdu de leur précision ni de leur qualité !

     Puis, tour au temple de Bacchus. L’intérieur est extrêmement bien conservé, on peut encore voir sur les plafonds les détails des sculptures avec des restes de portrait, et le tout, encore une fois, d’une grandeur absolument titanesque ! Il faut également s’imaginer ce site grandiose, et la vue qu’il donne sur la plaine et les montagnes libanaises, le tout bien évidemment (c’est la dose folko !) au rythme de la prière du vendredi. Pour faire pratique, les horaires chiites ne sont pas tout à fait les mêmes que les horaires sunnites, du coup, le concert dure un certain temps !

Le temple de Bacchus vu de la citadelle arabe


     Une fois la visite terminée (et des vendeurs de souvenirs pour le moins surprenants « do you want a hizbola tee-shirt ? » !) petit tour en ville. Pour une fois, l’urbanisme est à peu près esthétique. Nous dégustons deux « charwamas » dans un restau pour le moins typique, payons avec des livres libanaises (1€ = 2 000 Livres libanaises, c'est vous dire la manière dont on se sent millionnaire au Liban!) puis l’heure de repartir à Damas sonna. A bord d’un service d’abord (petit moment où j’ai cru mourir, non pas à cause d’un accident de la route, mais parce que le pompiste de la station d’essence où nous nous étions arrêtés nous faisait le plein la clope au bec !), puis d’un taxi à partir de Chtoura où l’un de nos co-passagers improvise un cours d’arabe. Il connaissait Montpellier, non parce qu’il a vu des photos ou entendu parler de quelque chose de prestigieux, mais parce qu’il suit… le tournois de foot national en France !

De magnifiques ornements !

     En dehors de l’aspect touristique de cette virée éclair au Liban, j’aimerais livrer quelques impressions personnelles. En effet, la Bekaa, avec le sud Liban, a souvent fait partie des oubliés de ce que l’on appelait avant la guerre civile le « miracle libanais ». Et de fait : les routes sont mal entretenues, fréquents nids de poules et autres dos d’âne aussi pervers que dangereux, différents camps sauvages qui doivent manifestement avoir un accès difficile à l’eau ou l’électricité, beaucoup d’habitations laissées en ruines... Même si la Syrie a parfois des éléments que l’on appellera « authentiques », le contraste vu rien qu’en passant les deux frontières peut-être frappant pour peu qu’on y prête attention. Il est également triste de voir qu’un si beau pays avec des habitants si attachants est malheureusement toujours un peu en période de sursis, ne sachant jamais ce que le mois d’après réserve. Le Liban est en effet un pays aux problématiques nombreuses, mais malgré les drames qui ont pu s’y dérouler, dont de nombreux ont justement eu lieu dans la plaine de la Bekaa, on en ressort avec un certain sentiment d’attachement qui ne laisse personne indifférent, et ce même en y restant à peine une journée !


... Ce site donne aussi certaines idées à toute personne le visitant!












1 commentaire:

  1. Complètement d'accord avec ta parenthèse sur les frontières!! La théorie de dépassement de l'Etat nation, c'est vraiment un truc de bobo qui n'est jamais sorti de l'UE et pour qui "frontière" signifie "espace shengen"!

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