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mercredi 20 avril 2011

Éblouissements de la Syrie profonde et vie damascène


Bosra et son théâtre !

Après un niveau 7 assez intense et trois jours de vacances bien mérités, j’ai accueilli les parents, ravis de leur voyage autour de la Syrie. Rendez-vous devant le musée national que, à ma grande honte, j’avais délaissé jusque là !

Boutique pittoresque...


Le lendemain, le jour des rameaux, nous sommes allés assister au rite syriaque. De beaux chants, des tas de bambins tout endimanchés,  une église bondée et tour rituel autour du lectionnaire et des icônes, bref, belle plongée en culture orientale ! Après avoir déjeuné chez moi, c'est-à-dire chez Batoul ma logeuse, nous sommes partis à l’assaut de la vieille ville mais surtout de ses mémorables souqs ! Echarpes, brocards, bijoux, poignards, antiquités en tout genre, housse à coussin et plateaux sculptés, rien ne nous a échappé !! Nous sommes également passés à Soufanieh, près de Bab Touma, une maison transformée en chapelle après qu’une icône se soit mise à sécréter (les experts me pardonneront et remplaceront ce verbe barbare par le terme adéquat) de l’huile. D’après ce que j’ai compris, le sanctuaire est dédié à l’unité des chrétiens.

Colonnes en tout genre


Pour se reposer un peu après tant de kilomètres parcourus à travers la vieille ville, direction le Khiwali (dont j’ai déjà parlé ici), ce magnifique restaurant qui vous replonge dans les milles et unes nuits en un clin d’œil.

Abside cachée


Le bain arabe (Bosra)
Le lendemain, nous avons pris la direction du sud, les parents, ma colloc Lorraine et moi, grâce à Habib, un chauffeur qui fait aussi guide touristique et qui travaille vaguement avec les couvents qui encerclent ma maison. Première halte à Bosra. Comment ? Vous ne situer plus Bosra ? Bosra, j’y étais déjà allée en septembre et j’en avais parlé par là. Bosra, ce sont les (rares) restes d’une capitale nabatéenne, rapidement convoitée par Rome qui a construit ses temples, bains et autres cardo et décumanus ensuite réemployés par les locaux au fur et à mesure que la ville perdait de son importance. C’est assez déstabilisant, car on peut croiser une vache au détour d’une colonne, et tomber sur la tente à palabres (c'est-à-dire tous les hommes qui se réunissent pour parler des problèmes quotidiens) au beau milieu du decumanus.

Mais Bosra, c’est surtout son célèbre théâtre, qui doit son état de conservation exceptionnel à la citadelle que les arabes ont construit autour. Comparé à la première visite, j’ai eu de plus amples informations sur la ville, les bâtiments, vu que visiter un site archéologique avec pour seule aide le guide « lovely planet » peut parfois (souvent !) se révéler très frustrant. En bref, de jolies petites surprises comme cette abside cachée au beau milieu de tas de cailloux, ou encore la citerne (qui malgré ses dimensions se cache en fait très bien) et même les restes de statues du théâtre !!
Une habitante au milieu des ruines



Après un déjeuner bien mériter sous la tonnelle du « Caracalla restaurant » (je suis décidément très fan des noms de restaus dans les lieux touristiques), direction Suweida, une ville majoritairement druze et chrétienne pour voir le musée. Le musée, soit un magnifique bâtiment de béton au style évoquant étrangement les grandes heures de l’architecture stalinienne et datant du mandat. Encore une fois (comme à peu près tout au long de la journée), nous avons le musée pour nous tous seuls ! Il faut aimer les statues en basalte, car à part quatre ou cinq mosaïques d’ailleurs très belles, il n’y a que ça ! Les mosaïques viennent en fait de Chahba, une ville non loin de Suweida en réalité construite par l’empereur Philippe, et qui au contraire des villes anciennes dans la région, a pour première origine la Rome antique et n’est donc pas construite sur un millefeuille de vestiges et de civilisations.

Sarcophage à Al Qanaouat


Al Qanaouat
Sortis du musée, direction al Qanaouat, dans un village druze. Al Qanaouat est les restes d’un palais de prêteur romain transformé ensuite en église. On voit dont l’enchevêtrement de deux édifices, ainsi que des restes de tombeaux et de sarcophages laissés en l’état. Apparemment, ce lieu de culte est resté, non pas à l’usage des chrétiens mais des druzes. On ne sait d’ailleurs pas vraiment ce qu’ils y vénèrent là-bas, peut-être Job de l’Ancien Testament. En fait, on ne sait pas grand-chose sur les druzes. Les arabes ont l’habitude de dire que seuls les druzes savent vraiment en quoi consiste leur religion, et encore pas tous, puisqu’il faut qu’ils attendent l’âge de 35 ans avant qu’on évalue si oui ou non, ils méritent qu’on leur transmette la connaissance religieuse.


Mis à part cette grande frustration de savoir, il ne nous reste plus qu’à profiter du paysage, encore très vert puisqu’en altitude, de cette région agricole, et surtout des vêtements traditionnels druzes : pantalons bouffants dont l’entrejambe descend jusqu’aux genoux pour les hommes, grande tunique de velours surmontée d’un voile de mousseline pour les femmes. En fait, ces vêtements sont surtout portés par les personnes âgées, les jeunes générations ayant préféré les conforts d’un basic H&M. A Al Qanaouat, on peut aussi admirer les restes d’un squelette de citerne assez amusants.


Un barbu à Bosra...


Dernière étape avant le retour à Damas, la ville de Chahba. Malheureusement, nous n’avons pas pu visiter le musée (en Syrie et en horaires d’hiver, les musées ferment à 14h, 15h au plus tard, allez savoir pourquoi !) qui contient de belles mosaïques. Mais on peut encore voir dans cette ville des restes de portes, de murailles, d’églises, et de porches de maisons incrustés de colonnes corinthienne, comme beaucoup dans la région.

Le souq et ses couleurs


Nous sommes ensuite retournés à Damas ravis par la journée, et prêts à entamer le dernier jour des parents à Damas. Le matin, Maman et moi avons laissé Papa aller visiter le musée de la médecine arabe pour aller nous détendre et nous dépayser au Hamam. Ensuite, je les ai amené au Khan Assan Pacha, un beau (très beau) caravansérail de style ottoman, rafraîchi par sa fontaine et agrémenté (pour le meilleur et pour le pire) d’art contemporain.

C'est beau hein ?


Dites le que c'est beau !
 On peut monter aux étages, visiter les chambres donnant sur le souq, ce qui permet d’ailleurs d’espionner les vendeurs sans que ceux-ci ne se rendent compte de rien ! Puis, nous avons flâné dans les souqs, terminé les achats de souvenirs en tout genre pour ensuite aller dîner en famille et chez Batoul pour une dernière soirée.


J’ai repris les cours ce matin en niveau 8 (the last oooone !), et tout va bien, même si la fac fait un peu peau de chagrin avec tous ces étrangers qui boudent la région. La région de Damas est très calme, aussi, malgré tout ce que peut dire le Quai d’Orsay, je suis jusqu’à maintenant en parfaite sécurité !







Entrée du Khan

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